Accueil Economie Supplément Economique Agriculture : Apprendre à gérer l’abondance

Agriculture : Apprendre à gérer l’abondance


Lorsque l’agriculture va mal on se plaint. Si les choses vont bien, on se plaint également. C’est ainsi que se présente la situation dans notre pays.


Ces derniers temps, on nous annonce, coup sur coup, de très bonnes moissons et récoltes au niveau de tous les produits phares.
A peine vient-on de sortir des moissons des céréales que l’on s’attaque à la récolte des olives. On sait bien quels étaient les problèmes qui se sont posés au cours de cette saison céréalière et les insurmontables difficultés qu’on a eu à surmonter pour éviter de perdre d’importantes quantités de blé.
En plus des catastrophes et des menaces d’incendies, les agriculteurs et les responsables ont dû faire face à des dysfonctionnements logistiques qui trahissaient, en fin de compte, une grave impréparation.
La preuve a été donnée qu’on ne peut pas, parfaitement, gérer l’abondance. Les 24 millions de quintaux de céréales estimés ont-ils trouvé «preneurs» ? On ne le sait trop. L’important, pour le moment, c’est de se préparer aux autres échéances qui se succèdent à un rythme soutenu.
Les dattes, elles aussi, enregistreraient, cette année, une production record estimée à 340.000 tonnes contre 289.000 la saison écoulée. La variété «deglet  ennour» est, certes, la plus prisée et la plus commercialisée tant au niveau national qu’international. Pour 2018-2019, environ 120.000 tonnes avaient été exportées et avaient rapporté près de 870 milliards de nos millimes.
De leur côté, les olives vont atteindre des records. Mais, déjà, on affiche des craintes, particulièrement, en ce qui concerne la baisse des prix au niveau des marchés internationaux. Au cours de la dernière saison (2018-2019) on avait écoulé 117.000 tonnes d’huile d’olive qui avaient rapporté plus de 1.700 milliards de millimes.

Absence de main-d’œuvre
L’autre problème qui se pose avec la plus grande acuité c’est l’absence cruelle de main-d’œuvre. Malgré les offres de salaires journaliers alléchants (allant jusqu’à 40 dinars la journée), les propriétaires de champs d’oliviers ne trouvent pas le nombre suffisant d’ouvriers dont ils ont besoin. C’est ce qui pose la question de la mécanisation de la récolte. Cette option n’est pas, encore, en vogue chez nous. Mais il est grand temps d’y penser. Les grands propriétaires gagneraient mieux à s’équiper de ces machines. Sinon, cette tâche pourrait revenir à un groupement coopératif donnant accès au plus grand nombre d’agriculteurs d’une même région à ces procédés modernes. Pour information, les appareils utilisés pour récolter les olives sont, généralement, de gros vibreurs de troncs montés sur un tracteur. L’action exercée sur l’arbre fait tomber de grandes quantités d’olives dans des filets. Lorsque certaines olives ne sont pas arrivées à une totale maturité elles peuvent rester sur les branches. Mais il ne s’agirait que de 15 à 20 %. C’est l’une des solutions radicales au problème de manque de main-d’œuvre.
Il y a, par ailleurs, les appels répétés des oléiculteurs pour une implication plus poussée de l’Office national de l’huile (ONH). Toutes les parties l’interpellent pour qu’il s’investisse, davantage, dans l’opération et se charge du surplus de production.
Pour les autres récoltes comme les agrumes (dont les prémices devraient être positives) on s’attend à des quantités respectables quoiqu’il y ait, toujours, des mécontentements de la part des uns et des autres. Les producteurs n’ont jamais été satisfaits de la part réservée aux exportations. Malgré une bonne saison 2018-2019 (440.000 tonnes), les exportations sont restées très limitées. Qu’en sera-t-il cette année? C’est ce que personne ne peut prédire.
Toujours est-il que l’éternelle préoccupation demeure la prise en considération du marché local. Car, quelle que soit la saison et quelles que soient les quantités récoltées, le consommateur n’en perçoit pas les «bénéfices» sur sa table ou dans son assiette.
Les prix de l’huile d’olive restent au plus haut en dépit de l’intervention limitée de l’ONH et des points de vente dits «du producteur au consommateur». Les oranges, par exemple, ne sont pas au niveau que l’on souhaite. Il n’y a qu’à regarder les prix des mandarines. Sans commentaire.
Les dattes et, particulièrement «deglet ennour», ne connaissent aucune accalmie au point que l’on se demande s’il y a une logique à laquelle se réfèrent ceux qui fixent ces prix.

Charger plus d'articles
Charger plus par Amor CHRAIET
Charger plus dans Supplément Economique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *